Retour vers des futurs #2

@iStock

Après avoir arpenté les allées du désormais ubuesque Salon des Arts Ménagers dans notre premier épisode, nous voilà à la recherche de ce que la modernité pouvait signifier pour nos aïeux. Entre maison du futur, acculturation et effets pervers de la mondialisation… bienvenue dans les mondes de demain vus d’hier !

La maison, un bien consommable

Dans cette vidéo, le journaliste interroge le rapport de ses contemporains à l’habitat en partant du postulat que ce dernier deviendrait un bien de consommation comme un autre. Il accepte volontiers qu’une certaine forme d’uniformité découle du progrès, « mais que l’on traite notre maison en terme de série et de standardisation et voilà en nous quelque chose qui résiste.« 

Déjà en 1965, on voyait poindre l’un des effets pervers de la société de consommation : le clonage à échelle industrielle de nos intérieurs. On s’inquiétait de voir nos comportements modifiés et nos individualités gommées au contact d’architectures et d’objets qui nous imposeraient leurs « rythmes ». « Nous sentons combien, de plus en plus, notre environnement nous conditionne. », s’émeut le journaliste.

La crainte de voir l’individu et ses différences peu à peu dilués dans une grande ville dépersonnalisée, vivre une vie prédéterminée par l’espace qui l’entoure, pousse la voix off à dire : « A nous d’abandonner cette idée du bonheur sur laquelle nous vivons depuis deux siècles : la petite maison aux contrevents verts ». Un brin effrayant, la modernité à toujours eu son lot de détracteurs.

Au-delà des accents conservateurs de ce témoignage, il demeure prégnant que l’humain désire cultiver ses différences et que le Français – en bon Gaulois qu’il est – n’entend pas se voir dicter sa conduite. Pour autant, la « standardisation » des villes et des intérieurs a bien eu lieu. Et, – bien que certaines attentions ont été portées au design pour en augmenter, sinon l’ergonomie, du moins le confort visuel -, nous partageons tous la même étagère, table basse, chaise ou bibelot d’une grande marque scandinave.

Pourtant, aujourd’hui, certains sont conscients de ce revers « aseptisé » de la médaille et militent pour une « repersonnalisation » des foyers. Architectes, designers, chineurs du dimanche (à l’affût d’un vieux meuble de cachet à retaper)… ils sont désormais nombreux à tenter d’apaiser la fièvre acheteuse inoculée à nos sociétés par un modèle éculé d’après-guerre (cf : Retour vers des futurs). Aussi, si les modes ont encore de beaux jours devant elles, ils sont de plus en plus nombreux à se rendre compte de l’hérésie de cette course folle vers un « progrès » uniquement sous-tendu par le confort matériel et la consommation compulsive. Précisons tout de même qu’il n’est pas question ici d’être réactionnaires ou rétifs, il s’agit simplement de nous questionner sur le véritable sens de ce que l’on nomme progrès.

Cinémaquette : la technologie au service de l’architecture

Poursuivant notre périple dans les archives audiovisuelles des années 1960, nous sommes tombés sur cette vidéo ludiques qui met en scène l’avenir de l’architecture de(s) demain(s) : le montage vidéo. Grâce aux progrès des techniques de l’image animée, certains esprits ingénieux ont eu l’idée de coller des images de maquettes sur des plans tournés dans la ville. « Le procédé cinémaquette, en intégrant au paysage les constructions prévues, pourra éviter des erreurs irréparables », s’enthousiasme la voix off. Parce que c’est bien connu, en France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées !

La « mode-ialisation »

Dans les années 1970, les Français goûtent aux joies d’un monde nouveau. Ils se familiarisent avec la mondialisation balbutiante et l’un de ses effets : l' »exotisation » de leur univers. Entre curiosité et intérêt culturel et géopolitique, l’Asie offre un monde à découvrir. La ménagère et l’employé de bureau sont les Vasco de Gama du XXème siècle.

Ici, nous sommes très loin des t-shirts mickey en polyester et autres gadgets bas de gamme à aussi faible valeur ajoutée que fort bilan carbone. Non, les objets présentés dans cette vidéo semblent de belles factures : théière en grès, manteau de chasse traditionnel en velours frappé, collier de mandarin en pierres dures, oreiller en cuir laqué, kimono en soie noir, cartable en peau de porc laqué…

Cette vidéo nous renvoie à ces heures insouciantes d’une mondialisation galopante, cette promesse d’un monde acculturé et d’un avenir radieux. Elle permet aussi de se rendre compte comment se sont cristallisées les « mythologies orientales » dans l’esprit des occidentaux. Voici des objets qui, aujourd’hui encore, sont des images d’Epinal sinisée du raffinement et de l’exotisme asiatique.

Maison du futur

Enfin, notre périple s’achève avec le fantasme de la maison du futur. Chaque époque a ses matériaux phares et ses formes propres. Chaque décennie déploie un imaginaire de « la maison de l’an 2000 » avec ses visions fantasmées du futur. Voici un petit medley de quelques uns de ces futurs que nos aïeux se plaisaient à imaginer.

Nous vous laissons avec Dali qui nous dévoile le futur de l’architecture, véritable épiphanie céleste ! « L’architecture du futur ne peut être que comestible et poilue. »

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Le Magazine De La Cour Au Jardin

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