« La musique permet d’exprimer ce que les mots ne peuvent pas dire. », Carole Bajac, artiste lyrique

Le Magazine De La Cour Au Jardin est allé à la rencontre d’une personnalité singulière : Carole Bajac. Artiste et entrepreneuse, Carole est une femme de tempérament qui chante la vie. Entre la scène, l’enseignement et l’ouverture d’un « Green Working », elle nous dévoile quelques unes des passions de sa vie.

Artistique lyrique, professeure, entrepreneuse… Votre vie est hors norme, mais qui êtes-vous Carole ?

Carole Bajac : Je dirais que je suis une artiste et une entrepreneuse. Je crois que j’ai un vrai goût de l’action, de faire. L’art est quand même fondamental dans ma vie. Tout ce que je fais revient à l’art, à la beauté, à la création et au théâtre. – Je trouve qu’il y a du théâtre dans la vie. – Je crois qu’il est aussi très important de garder vivant l’enfant qui est en nous. C’est ça être un artiste : pouvoir jouer avec cet enfant et d’en garder l’émerveillement. 

De qui avez-vous hérité de cette fibre artistique ?

C.B. : D’abord, je pense que je suis issue d’une famille de créateurs, d’aventuriers au sens noble du terme. Mon grand-père, Robert Bajac, était un grand héros de l’aviation dans les années 1920. Mais c’est surtout ma grand-mère qui a joué un rôle important dans mon éducation. Elle avait créé un jardin d’enfants à la naissance de ma sœur et moi pour nous élever. Elle employait une méthode qui ressemblait déjà un peu à celle de Montessori. Et je me souviens que je lui servais de cobaye pour son enseignement pour le moins… original ! Plus tard, quand j’étais au conservatoire Léo Delibes, je me suis demandé pourquoi je n’avais pas le trac… C’était parce qu’à tois ans déjà, je jouais la comédie !

Forte de cet héritage à la fois « génétique » et « pédagogique », vous avez alors choisi d’embrasser une carrière d’artiste lyrique… 

C.B. : J’ai eu la chance de rencontrer des gens intéressants : Janine Micheau, grande cantatrice française, qui a découvert chez moi une voix. Un peu comme un rossignol, j’avais une voix très légère, fluide et surtout très longue. Et elle m’a dit : « Il faut que tu chantes ! ».

Justement, quelle est-elle cette voix ? Quelle est votre tessiture ? 

C.B. : Je suis colorature. Un soprano léger, aigu et vocalisant. 

Un souvenir de vos débuts sur scène ? 

C.B. : C’était Rose de Noël de Franz Lehar. J’étais alors au conservatoire de Lille et on m’a demandé de passer une audition au Châtelet. Je ne voulais absolument pas y aller. Je trouvais que le Châtelet, ce n’était pas assez sérieux. Moi, je voulais chanter du Bach, du Monteverdi et jouer la comédie. Alors j’y suis allée en traînant la patte. Ils cherchaient une doublure pour la vedette du spectacle. Madame Bauchet qui dirigeait le Théâtre du Châtelet m’a auditionnée et m’a choisie. C’était une grande dame imposante et je me souviens lui avoir dit : « Madame, je suis très jeune, je débute, je ne sais rien faire. Je ne trouve pas ça très sérieux. ». Elle m’a répondu : « Mademoiselle, vous irez loin. » et elle m’a donné la triplure. Le jour de la première, la vedette était malade. Ça a été quelque chose d’horrible pour la doublure. Je remerciais le ciel de ne pas être à sa place. Et puis un jour, ce fut au tour de la doublure de tomber malade en même temps que la vedette et c’est moi qui suis montée sur scène. Le lendemain, ils m’ont donné le rôle et je me suis follement amusée au Châtelet. 

Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?

C.B. : Ça a été une éducation extraordinaire de solidité. Jouer pendant trois ans non-stop, c’est quand même nerveusement et physiquement quelque chose ! Je dirais que j’ai beaucoup réussi de choses dans ma vie grâce à ça. 

En plus de votre carrière sur scène, vous avez éprouvé le besoin de transmettre. Et quelle plus belle façon de transmettre que d’enseigner ?

C.B. : J’ai toujours mené de front une carrière artistique et une carrière pédagogique. J’ai enseigné pendant 10 ans à la Longy School of Music de Boston, puis au Boston College, au Boston University … Puis, j’ai enseigné en France, aux conservatoires de Meudon et de Clichy. A Clichy, j’ai eu la chance d’avoir des directeurs qui m’ont laissé carte blanche. J’avais une classe de 30 élèves et je la dirigeais comme une troupe de théâtre. Chaque trimestre, nous montions un opéra. J’étais un peu « foldingue » parce que j’ai monté des choses vraiment très ambitieuses comme le premier acte de Rusalka d’Antonín Dvořák ou les Dialogues des carmélites de Francis Poulenc dans son intégralité.

Quel rapport entretenez-vous avec la musique ?

C.B. : Ce qui est sûr, c’est que la musique me recentre. Elle permet aussi d’exprimer ce que les mots ne peuvent pas dire.

Dans toute votre riche carrière quel rôle avez-vous préféré endosser ? 

C.B. : Peut-être Zerbinette dans Ariane à Naxos de Richard Strauss parce que je pouvais danser, chanter, jouer la comédie…

Et qu’auriez-vous rêvé chanter ?

C.B. :  J’aurais adoré chanter une Walkyrie ! Ça m’aurait vraiment plu ! Il y a cette énergie jubilatoire, guerrière… une incarnation très puissante de la vie. 

Vous nous accueillez ici dans votre domaine de Dourdan, bordé par une forêt domaniale. Un lieu chargé de votre histoire familiale, un lieu qui – à l’instar de votre passion pour la musique – témoigne de ce que vous êtes : une femme de tempérament, une femme qui fonce, une femme qui entreprend. Pouvez-vous nous raconter l’histoire de cette propriété et son avenir ? 

C.B. : Ce lieu était chargé d’histoire ! Mon grand-père, Robert Bajac, était un grand aviateur à l’époque où l’aviation était héroïque. Les avions tournaient autour de la tourelle du château et atterrissaient dans un champ un peu plus loin. Venaient alors à la maison Jean Mermoz, Saint-Exupéry… toute cette équipe-là ! C’était un lieu d’accueil, de création et de repos. J’ai donc essayé de m’inscrire dans cette tradition et d’en faire un espace de création et de travail. Un espace où l’on peut s’isoler, travailler en équipe, bâtir des projets… C’est pour ça que j’ai voulu l’ouvrir et en faire un lieu de séminaire ou de retraite.

Avez-vous opéré des transformations, des travaux pour donner une nouvelle fonction à ce domaine ? 

C.B. : En 2006, j’ai hérité d’une propriété pour le moins fatiguée ! Chaque génération y avait laissé des choses et j’ai entrepris une sorte de nettoyage. Je souhaitais conserver l’essentiel de l’héritage familial tout en le modernisant. 

J’ai radicalement voulu tourner une page. J’ai commencé par rénover et moderniser tout le château. Et puis il y avait cette maison des gardiens qui était en piteux état parce que personne ne s’y était intéressé. J’ai alors travaillé avec de jeunes architectes formidables : ABDPA. On a refait une maison totalement moderne, isolée avec du chanvre, dans une perspective plus écologique. Toute l’astuce était de créer une maison qui se mariait avec le château. On a alors créé une sorte de patio pensé comme ces places dans le Midi où l’on se retrouve pour papoter. Ainsi, le château et la maison forment une sorte de petit hameau où l’on vient partager et se ressourcer.

C’est ainsi qu’est née cette idée de « Green Working ». Pouvez-vous nous dire ce que cela signifie ? 

C.B. : Eh bien, c’est travailler au vert ! J’aimerais en faire un lieu d’inspiration niché dans un parc aux arbres centenaires. Souvent, les gens qui viennent me disent : « On n’aurait jamais eu les idées qu’on a eues ici si on était resté au bureau à Paris. ».

Enfin, nous avons coutume de clore nos rencontres par notre question fétiche : quelle est votre définition de l’art de vivre ? 

C.B. : La joie. Je pense que c’est la chose la plus importante à cultiver. Et c’est ce que j’essaye de faire ici. De créer du beau, d’enclencher un cercle vertueux de bonnes rencontres et de bonnes décisions. 


Retrouvez notre entretien en vidéo


Green Working

29 Rue de Rouillon
91410 Dourdan

Consulter le site internet

Mail : bajac.carole@gmail.com


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