D’Orléans à la Maison-Blanche, une vie en fleurs

Par atavisme peut-être, – les Hollandais étant de longue date un peuple de grands voyageurs -, Susanne Schrijvers a couru le monde. D’Orléans à l’Inde, en passant par la Chine et la Maison-Blanche, cette fleuriste passionnée et créative s’écrit au fil des continents et des rencontres. À travers ses bouquets, ses boutiques et ses projets de home staging, elle insuffle une vision poétique et audacieuse de l’art floral.

Bonjour Susanne, nous sommes très heureux de vous recevoir pour notre newsletter mensuelle. Avant toute chose, nous souhaiterions en savoir plus sur vous. Qui êtes-vous et quel a été votre parcours jusqu’ici ?

Susanne Schrijvers :  Je suis néerlandaise, je suis née aux Pays-Bas il y a 60 ans et j’ai toujours eu une passion pour la décoration d’intérieur. Je me suis naturellement dirigée vers des études d’architecture d’intérieur et j’ai intégré l’école des Beaux-Arts d’Amsterdam. Mais j’ai trouvé ça beaucoup trop technique. Ça ne m’a pas plu. Puis, avec mon mari, nous avons emménagé en France, du côté d’Orléans. Nous avons eu trois enfants, nous avons beaucoup voyagé, nous avons notamment vécu en Chine et en Inde, jusqu’à ce qu’un jour, je ressente le besoin de faire ce que j’ai toujours voulu faire : fleuriste !

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Et pourquoi fleuriste ?

S.S. : Je pense que j’ai toujours eu ça en moi. Je me rappelle la première fois que j’ai cueilli un bouquet de pissenlits. Je devais avoir quatre ans. J’allais à pied toute seule à la maternelle et puis je suis passée dans un champ où il y avait d’énormes pissenlits. J’ai fait un gros bouquet pour ma maîtresse et je suis arrivée en retard à l’école. Alors j’ai été punie. Je pense que c’est à ce moment-là que j’ai banni l’idée de devenir fleuriste. (rires) Mais finalement, on n’échappe pas à ses envies profondes.

Vous avez repris des études pour cela ?

S.S. : Oui, j’ai suivi une formation à Angers au début des années 2000 et j’ai tout de suite ouvert ma boutique à Orléans : l’Atelier Après la Pluie. J’ai voulu créer un concept un peu différent des fleuristes traditionnels. C’était un des premiers bars à fleurs, à l’époque. Chaque composition est unique et naît de l’échange entre le client et le fleuriste. Il faut savoir que je ne travaille que des fleurs de saison que je vais chercher chez des petits producteurs en France et en Hollande, mon pays d’origine. On réalise alors les bouquets à la minute selon les désirs de nos clients. Ils choisissent des variétés, des couleurs et on se charge de composer le bouquet.

Quel accueil avez-vous reçu ?

S.S. : Au début, les clients avaient un peu de mal avec le concept, mais la fidélité des clients s’est développée grâce à la qualité des fleurs. Assez rapidement, on était 10 dans notre petite boutique de 50m2. Et puis on s’est mis à travailler avec des marques : Christian Dior, Sephora, Louis Vuitton… On a la chance d’avoir de beaux clients qui nous permettent d’exprimer notre créativité.

Mais comme vous êtes un peu globe-trotter, vous ne pouviez pas rester indéfiniment au même endroit… Est-ce que vous pouvez nous parler de votre expérience américaine ?

S.S. : Effectivement, il y a 13 ans, j’ai déménagé aux États-Unis pour le travail de mon mari. On ne devait y rester que deux ans mais ça en a duré huit ! Comme nous vivions à Washington D.C., je me suis dit : « Pourquoi pas postuler à la Maison-Blanche ? ». Je leur ai écrit pour leur proposer mes services de fleuriste et j’ai eu une réponse. On m’a proposé de venir faire un essai. J’ai demandé où. On m’a répondu : « Bah à la Maison-Blanche ! ». (rires)

Vous devenez alors fleuriste pour la Maison-Blanche, c’est improbable tout de même…

S.S. : Oui, l’essai a été concluant. Mais il faut savoir que, contrairement à chez nous, il n’y a pas de formation spécifique aux États-Unis. Tout le monde peut s’improviser fleuriste là-bas. Donc moi j’arrivais quand même avec un vrai bagage technique.

Vous avez travaillé sous quelle présidence ?

S.S. : J’ai commencé sous Obama et j’y suis encore allée le mois dernier. Je suis curieuse de voir comment les choses évoluent sous le deuxième mandat de Trump.

Et pendant tout ce temps, vous avez gardé votre boutique d’Orléans ?

S.S. : Absolument ! Pendant tout ce temps, on a rencontré quelques difficultés mais j’ai repris la boutique en main avec une nouvelle équipe et un nouveau manager qui est encore en place aujourd’hui et on s’en est sorti.

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Quelle fleur préférez-vous travailler ?

 S.S. : On me pose souvent la question mais je n’en ai pas. Je les aime toutes. A chaque saison ses trésors. Là on arrive à la fin des renoncules, des anémones et des tulipes, et j’attends avec impatience les pivoines. Suivront ensuite les dahlias à la fin de l’été, les amaryllis et les hellébores (roses de Noël) en hiver… Si on avait ces fleurs toute l’année, on s’en lasserait. Ce qui est beau, c’est l’éphémère.

Susanne, vous avez également « cultivé d’autres jardins » et vous vous êtes lancé, avec votre fille, dans une autre activité…

S.S. : C’est vrai que j’ai une autre passion, celle de chiner. Ma maison a toujours été une grande brocante. Et finalement, grâce à ma fille qui se posait des questions sur son avenir professionnel, j’ai décidé de sauter le pas et nous avons ouvert une boutique : Le Beau Temps, il y a deux ans. On y associe brocante et beaux spécimens de plantes et nous avons une belle adresse en plein cœur d’Orléans.

Et puis vous avez une troisième corde à votre arc : le home staging. Comment vous est venu l’idée ?

S.S. : De mes années américaines ! Quand on veut vendre une maison aux États-Unis, on doit la relooker. Ça passe par des travaux d’aménagement, de peinture, de décoration… Nous avions entièrement restauré une vieille maison et nous lui avions apporté plein de petits éléments ramenés d’Europe. Lorsqu’on a voulu la vendre, elle ne ressemblait pas du tout à ce qu’on trouve sur le marché. L’agent immobilier a été très agréablement surpris parce qu’elle dénotait positivement. Mais, pour rentrer dans le « standard américain », il nous a conseillé d’aménager notre sous-sol. – Les américains aménagent plus les sous-sols que les greniers. –  On a donc créé une salle de bain, une chambre… ça nous a coûté 25 000 dollars mais on a vendu notre maison 50 000 dollars de plus et en une journée. Après cela, j’ai commencé à faire du home staging pour les autres et, à chaque fois, les maisons se vendaient rapidement.

Et de retour en France, vous avez continué cette activité. Vous vous êtes notamment associée à notre consultante orléanaise, Elodie Flament, pour développer ce service auprès de ses clients.

S.S. : Absolument ! Elodie avait, dans son portefeuille, pas mal de biens restaurés mais vides et elle s’est rendu compte que c’était plus compliqué de vendre un bien non meublé. Elle m’a alors contacté via ma boutique de meubles et de déco pour donner vie à ces espaces. On a commencé avec un premier appartement.  Avec des meubles et des objets que j’ai en stock, on est parvenu à lui créer une ambiance particulière et l’appartement s’est vendu très rapidement. Et puis nous avons retravaillé ensemble sur une maison qui était en vente depuis un an et demi dans plusieurs agences. La maison était vide, dans son jus… La propriétaire a compris l’intérêt d’investir dans quelques travaux (cuisine, peinture…). Pour une enveloppe de 3000 euros, j’ai rafraîchi trois pièces clés et on a aménagé les espaces. Elodie a fait intervenir un photographe avec lequel elle a l’habitude de travailler et, très rapidement, elle a décroché de nombreux rendez-vous et la maison a été vendue en peu de temps à un paysagiste. C’est dire si c’est important de susciter le désir.

Enfin Susanne, vous avez vécu dans différents pays, connu différentes expériences. Vous avez aussi une culture d’origine différente de celle des Français. Nous aimerions connaître votre définition de l’art de vivre…

 S.S. : C’est difficile à dire… (elle réfléchit) Je pense qu’avant toute chose il faut se sentir bien dans mon environnement. J’ai effectivement vécu dans des pays très différents et dans des espaces très différents également. Et la première chose que je fais c’est de créer mon cocon. Il faut se construire un petit nid où on se sent bien. Et puis je pense qu’il faut éveiller les cinq sens. Par exemple, quand j’invite mes enfants pour un repas à la maison, je fais un bon plat, je décore la maison, il y a de la bonne musique…


Susanne Schrijvers

Fleuriste

Boutiques :

Atelier Après la Pluie – magasin de fleurs

Le Beau Temps – magasin de plantes et objets chinés de toutes époques.


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