Transmettre et diversifier, Oil’live Green une solution pour revitaliser l’agriculture

De La Cour Au Jardin est fière dêtre partenaire d’Oil’live Green, une initiative portée par Yannick Masmondet. Cet ancien viticulteur reconverti dans l’olive est déterminé à repenser le modèle agricole français. En fondant Oil’live Green, il souhaite créer une filière structurée et durable de l’huile d’olive en France. Conscient des difficultés rencontrées par un monde agricole en crise, il offre des solutions de diversification et de valorisation afin de pérenniser des exploitations et/ou d’aider de nouveaux agriculteurs à s’installer.

Qui êtes-vous Yannick Masmondet ?

Yannick Masmondet : Je suis un ancien viticulteur de la région de Bordeaux et ancien prestataire de services agricoles. En 2011, j’ai eu un problème de santé qui m’a amené à changer de parcours professionnel. Je suis resté dans la viticulture mais plutôt sur la partie conseil. Je suis donc parti au Maroc pendant 10 ans. À l’origine, j’y allais pour de la viticulture mais finalement je suis tombé dans l’olive ! 

Comment s’est passée cette rencontre ? 

Y.M. : Un peu par hasard. Lors d’un repas, j’ai rencontré le patron d’une grosse pépinière espagnole implantée au Maroc et en échangeant, on s’est trouvé des points communs. Il avait une problématique à adresser autour de la question de la culture et de l’implantation et moi, avec ma casquette de viticulteur, je pouvais lui apporter des réponses.  

Y a-t-il un lien entre la culture de la vigne et de l’olive ? Ou est-ce radicalement différent ? 

Y.M. : On retrouve effectivement quelques similitudes entre l’olive et la vigne mais cela reste quand même deux produits différents. L’olive nécessite moins d’entretien, donc moins de temps de travail et plus de souplesse pour l’agriculteur. 

L’olive est-elle moins soumise aux aléas climatiques que la vigne ? 

Y.M. : Nous y sommes autant soumis mais, à la différence de la vigne, le monde de l’olive a plus avancé sur ces questions. Il a notamment beaucoup travaillé sur le clonage des plants afin de les rendre plus résistants à la sécheresse. Les périodes de floraison ont également été décalées pour éviter les périodes de gel… Oui, il y a eu un gros travail de fait. 

C’est alors que vous allez vous diriger vers l’olive… Comment cela s’est-il passé ? 

Y.M. : J’ai donc travaillé pour ce grand groupe espagnol implanté dans le monde entier. J’étais en charge de la plantation des oliviers et du suivi cultural pour le groupe. Puis la COVID est arrivée et il a fallu rentrer en France. J’ai donc dû tout reprendre à zéro. J’ai répondu à une demande de reprise de direction d’un domaine viticole sur Carcassonne afin de restructurer aussi bien la partie « viti » que vigne. Et c’est là que je me suis rendu compte qu’il n’existait pas de filière industrielle de l’olive comme au Maroc ou en Espagne sur notre territoire. Pourtant, nous avons un marché important en France. Nous importons 95% de notre consommation d’olive. L’idée d’Oil’live Green était née. 

Dans un monde agricole en difficulté, quelle est la mission d’Oil’live Green ? 

Y.M. : Nous avons la volonté de créer un nouveau modèle agricole. Nous souhaitons apporter à des agriculteurs une solution de diversification avec un modèle sécurisé. Face à la crise de la viticulture et plus largement de l’agriculture qui explose, on a deux possibilités : soit on crée un groupe entièrement privé – ce qui ne correspond pas du tout à mon ADN -, soit on trouve un modèle hybride. C’est ce qu’on a choisi de faire. On a décidé d’acheter des propriétés pour le groupe en mettant l’agriculteur au centre du projet. On se rend compte qu’en diversifiant la culture sur les propriétés, on peut apporter un revenu à l’agriculteur. 

Un exemple ? 

Y.M. : Concrètement, un viticulteur qui possède 50 hectares de vignes qui décide d’arracher et de planter 10 hectares d’olives, va pouvoir déployer un nouveau modèle sur son exploitation. Il va rentrer en polyculture et donc diversifier le risque, tant agricole que financier. C’est notre cheval de bataille, apporter une solution à l’agriculteur et surtout y aller à leur rythme. L’idée n’est pas d’imposer d’immenses surfaces à planter dès le départ mais de commencer petit à petit, hectare par hectare. On essaie de lier la faisabilité du projet à la réalité économique des propriétés. Et aujourd’hui on est en passe de réussir ce pari. Nous sommes présents dans tous les départements du sud de la France. On anime beaucoup de rencontres avec des agriculteurs qui se fédèrent, qui veulent se diversifier et qui souhaitent trouver des solutions économiques dans un monde agricole en crise. 

Combien de personnes avez-vous embarqué dans l’aventure aujourd’hui ?

Y.M. : Le noyau dur d’Oil’live Green à ce jour c’est 7 personnes mais on s’appuie également sur un réseau d’une trentaine de chefs d’entreprises qui nous aident à dynamiser la filière sur le territoire.  

Au moment où l’on se parle, vous êtes sur une exploitation en train de planter des oliviers… Donc votre accompagnement va de la théorie à la pratique finalement !

Y.M. : Nous sommes des couteaux suisses ! Aujourd’hui je suis sur le terrain mais je dispense également du conseil et une grosse partie de mon activité s’effectue à un niveau plus politique. Je participe à des discussions, des négociations pour faire évoluer l’activité. 

Concrètement comment fonctionne Oil’live Green ? Êtes-vous sur un modèle qui ressemble à celui d’une coopérative ? 

Y.M. : Non, nous sommes un groupe privé et l’agriculteur reste propriétaire de ses terres. Il est lié à nous par des contrats basiques et n’a pas à s’engager dans des prises de participations, des agréments ou toute autre contrainte du modèle coopératif. Les agriculteurs ont la main sur la partie exploitation et nous les accompagnons sur les parties commerciales et de conseil. Notre objectif est d’amener les agriculteurs vers la plus grande autonomie. Pour ce faire, on les accompagne tout au long de l’année, on leur dispense des formations, on leur met à disposition du matériel… A côté de ce service, nous sommes en train de développer l’acquisition de notre propre parc d’exploitation afin de générer un revenu interne. 

Aujourd’hui, combien d’hectares d’oliveraies avez-vous planté en France ? 

Y.M. : Aujourd’hui, nous avons planté 60 000 hectares, de Cognac à la région lyonnaise. Mais, nous anticipons également les conséquences du changement climatique et étudions désormais la possibilité de nous implanter dans le Val de Loire, en Bretagne et même dans les Hauts-de-France. 

Ces olives que vous produisez… vous en faites de l’huile d’olive ? 

Y.M. : Alors c’est un peu plus complexe. 10 000 hectares servent effectivement à la production d’huile d’olive alimentaire et 50 000 hectares sont alloués à la production d’énergies vertes : biocarburants et biogaz. Aujourd’hui, nous sommes capables de revaloriser tous les déchets de l’arbre et de l’olive et, in fine, cela a un impact positif pour l’agriculteur et son exploitation.  

Face au dérèglement climatique, vous avez ce souci de vous inscrire dans une agriculture plus durable…

Y.M. : C’est évidemment une inquiétude forte et nous, agriculteurs, sommes déjà en train d’anticiper ces questions de réchauffement. La question de la gestion de l’eau est essentielle et nous essayons de trouver des solutions aux épisodes de sécheresse qui sont amenés à se reproduire plus fréquemment. Et la diversification des cultures est une réponse que l’on peut apporter. Par rapport à la vigne, l’olivier va nettement mieux s’adapter à des climats très secs et mieux résister à des phénomènes climatiques « extrêmes ». 

Par curiosité, combien peut-on produire d’huile d’olive avec un olivier ? 

Y.M. : Avec un olivier, on peut espérer produire un litre d’huile, soit 1500 litres par hectare au minimum.

Est-ce que des agriculteurs viennent vous voir notamment parce qu’ils font face à des problématiques de transmission ? 

Y.M. : C’est effectivement une grosse problématique. Dans les trois ans à venir, nous allons devoir faire face à la question de la retraite d’une grande partie des agriculteurs. Tous les jours nous sommes confrontés à cette question de la transmission. Faute de repreneurs, beaucoup d’agriculteurs doivent aujourd’hui cesser leur activité. Et, même quand ils ont des « héritiers », ils n’arrivent plus à trouver les solutions pour installer leurs enfants. 

C’est aussi pour répondre à cette problématique sociale que vous avez fondé Oil’live Green ? 

Y.M. : Absolument ! Avec le modèle économique qu’elle supporte, l’olive peut permettre d’attirer et d’installer des jeunes et donc d’anticiper des reprises de propriété. On a d’ailleurs mis en place une filière dédiée à l’installation de jeunes agriculteurs et de personnes en reconversion professionnelle. C’est vital pour nous si on veut pérenniser les propriétés. 

De La Cour Au Jardin a désormais le plaisir de s’associer à Oil’live Green dans le cadre d’un partenariat. De quoi s’agit-il exactement ? 

Y.M. : Effectivement, nous avions une problématique à laquelle nous ne pouvions pas répondre jusqu’alors : celle du bâti. Lorsque nous faisons l’acquisition d’une propriété en vue de planter une oliveraie, ce qui nous intéresse ce sont évidemment les terres et non l’immobilier. Donc nous souhaitions amortir notre investissement en confiant la gestion du bâti à un partenaire immobilier de référence et c’est là que De La Cour Au Jardin intervient. J’en ai discuté avec mon amie Séverine (Séverine Fraineau, consultante De La Cour Au Jardin en Gironde) qui a organisé un rendez-vous avec Isabelle Larochette (Présidente de De La Cour Au Jardin). A l’issue de notre rencontre, nous avons décidé de devenir partenaires car nous avons les mêmes valeurs

Quel monde agricole souhaitez-vous pour demain ? Quel message souhaitez-vous transmettre ?

Y.M. : Nous voulons une agriculture qui puisse vivre de ses revenus. Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui. Le modèle agricole actuel atteint ses limites et notre message est de dire que l’on peut changer de modèle. Certes, on ne pourra pas sauver tout le monde, mais nous avons l’ambition d’offrir un cadre sécurisé à l’agriculteur. On veut le replacer au centre du jeu, de la plantation à la valorisation du produit final. Avec Oil’live Green, nous voulons que l’agriculteur, au prorata de la taille de son exploitation, devienne propriétaire des marques. L’objectif c’est vraiment d’avoir une verticale intégrée qui permette à l’exploitant d’être intéressé du début à la fin de la chaîne. 

Vous pouvez aujourd’hui compter sur un réseau d’agriculteurs qui s’étend, vous avez également l’appui de grands investisseurs privés… comment un particulier peut soutenir votre action ?

Y.M. : Il y a plusieurs options. Tout d’abord si vous faites l’acquisition d’une propriété et que vous ne savez pas quoi faire de vos terres, eh bien nous sommes là pour les optimiser. Autre possibilité : l’investissement participatif. Vous pouvez subventionner le financement des plantations sur une exploitation sur la base d’un crédit. Vous avancez de l’argent à un agriculteur moyennant un remboursement avec un pourcentage, ni plus ni moins. Ce type de crédit participatif est de plus en plus fréquent du fait de la situation des agriculteurs qui peinent de plus en plus à trouver des financements. Enfin, nous avons de plus en plus de particuliers qui investissaient jusqu’alors dans l’immobilier qui se tournent vers l’acquisition de terres afin d’exploiter leurs propres oliveraies.  

Pour conclure cet entretien, nous avons une question fétiche : quelle est votre définition de l’art de vivre ?

Y.M. : Nous, la bonne bouffe et la convivialité ! (rires) Et surtout le respect d’autrui. On a malheureusement tendance à l’oublier aujourd’hui mais c’est pour moi essentiel. Les écarts ne cessent de se creuser entre les gens. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe autour de nous, partout dans le monde. Donc oui, je pense que l’art de vivre commence par le respect de l’être humain et la solidarité. 

Oil’live Green

Site internet : www.oilive-green.fr

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