Joe Sayegh, rencontre avec un créateur-voyageur

Un enfant de la balle ! Voilà ce qui nous saute aux yeux lorsque l’on rencontre Joe Sayegh. Ce fils d’antiquaires, devenu antiquaire lui-même a eu plusieurs vies avant de devenir ce « créateur-voyageur » réputé – comme il se décrit lui-même. Passionné par le bois et ces meubles et objets qui donnent vie à nos intérieurs, Joe est une personnalité tranchante, vive et créative qui sait mettre du corps à son oeuvre.

Vous vous définissez comme un créateur-voyageur. Comment vous est venue cette passion du bois et comment tout a commencé ?

Joe Sayegh :  Tout a commencé très tôt. J’ai acheté ma première commode XVIIIème à l’âge de neuf ans et j’ai épousé la voie de mes parents qui étaient antiquaires. J’ai beaucoup aimé ce métier. Et au fur et à mesure, j’ai commencé à construire des maisons avec des matériaux anciens : dallages, cheminées… A l’origine, c’était pour mon propre plaisir mais face à l’intérêt des gens pour ce type de produits, je suis devenu fabricant de dallages et de parquets très larges et vieillis comme chez les antiquaires. Et au fil du temps, j’ai arrêté les antiquités et j’ai commencé la décoration.

Pourquoi cette transition, quel a été le déclic ? 

J.S. : J’ai tout simplement réalisé il y a 20-25 ans, lors d’un salon Maison & Objet, que le métier que j’aimais le plus au monde – celui d’antiquaire – était fini. Je me suis alors tourné vers la décoration. Je dessine et je crée tout, et aujourd’hui j’ai des revendeurs un petit peu partout en France et Europe.

De votre passé d’antiquaire vous avez conservé l’amour du bois mais travaillez-vous d’autres matières ? 

J.S. : Oui, je travaille d’autres matières mais le bois ça reste mon domaine ! Même si on apprend tous les jours, jeconnais bien le bois. J’ai d’ailleurs une scierie dans l’Orne pour être servi le mieux possible. On y fait de très grosses grumes (une pièce de bois formée d’un tronc ou d’une portion de tronc non équarrie) que l’on arrive à transporter et à travailler, contrairement à la plupart des acteurs industriels. 

C’est-à-dire ? 

J.S. : Un industriel n’a pas les camions ou les machines adaptés pour transporter et travailler un chêne qui a plus de 200 ans. A 100 ans avec un diamètre de 50, 60, 70 centimètres, ça fait déjà un très beau chêne dans l’industriel. En revanche, pour tout ce qui est très gros arbres, c’est impossible de les travailler, impossible de les sortir de la forêt. 

Et vous arrivez à les exploiter ? 

J.S. : Bien sûr ! J’ai une équipe extraordinaire. On s’est équipé pour pouvoir sortir les grumes de la forêt et ensuite on les travaille. Petite anecdoteau passage, j’ai actuellement un stock de 600 m2 de chênes qui ont entre 200 et 300 ans et qui étaient destinés au chantier de Notre-Dame. Ils ont été débités dans la forêt de Poncé-sur-le-Loir (72) sur demande des Monuments historiques mais ont finalement été refusés pour un nœud pas plus gros qu’une pièce de 50 centimes découvert sur un arbre somptueux. Rendez-vous compte, on parle tout de même de chênes extraordinaires, de plus de 30-35 mètres, plantés par Louis XIV pour servir à la construction de bateaux. C’est impensable pour moi de ne pas honorer et valoriser ces arbres majestueux. 

Elles sont pourtant si belles ces aspérités que seul le bois sait nous offrir… Vous les travaillez d’ailleurs en ce sens, avec toutes leurs « imperfections ». 

J.S. : Bien, effectivement, c’est ce que j’aime. Contrairement aux pays nordiques où ils ne veulent pas un nœud, que du premier choix, des choses lisses et sans vie, j’adore l’Angleterre. C’est un marché extraordinaire où ils aiment l’aubier, les piqûres, les tâches, les pattes de chat… Et ça c’est fabuleux. Ils utilisent le bois pour son charme. 

Et qu’allez-vous faire de ces chênes refusés pour Notre-Dame ?

J.S. : Un des piliers de mon metier, c’est la transformation et la mise en valeur. Un des chênes refusés est devenue une somptueuse et monumentale table de 18 mètres de long. Elle sera prochainement livrée dans un magnifique hôtel à Ibiza.

Qui sont vos clients justement ? 

J.S. : Je travaille exclusivement des professionnels. Je fais notamment des décors complets de restaurants ou d’hôtels. Par exemple, je m’occupe d’hôtels comme Cheval Blanc, l’hôtel des Neiges à Courchevel ou le 1 Hôtel à Miami Beach… Je propose d’ailleurs désormais mon univers à la location au travers l’entreprise Joe Sayegh Events qui fait de la location éphémère et longue durée. La location longue durée s’adresse justement aux hôtels ou aux restaurants. Pour les évènements de courte durée comme les mariages, les défilés ou tout autre événement éphémère, vous pouvez louer des tables, des chaises, des ambiances complètes.

Vous travaillez exclusivement avec des professionnels mais est-ce qu’un particulier peut tout de même avoir accès à vos collections ? 

J.S. : Absolument ! J’ai récemment créé Joe Sayegh Vintage pour les particuliers. On y trouve des collections “capsules”, les dernières pièces disponibles de mes collections précédentes mais aussi des pièces de seconde vie provenant des retours de location. En fin de location, tous les meubles et objets repassent par mes ateliers afin d’être contrôlés, rénovés et revendus à prix réduit. Un peu comme un antiquaire qui restaure un meuble avant de le revendre. Une façon de revenir à mes premiers amours tout en étant fidèle à mes valeurs pour une consommation plus responsable.

Aujourd’hui Joe Sayegh est une marque qui se déploie partout dans le monde, vous travaillez également des bois exotiques nous semble-t-il…

J.S. : Oui je travaille beaucoup en Indonésie où je fabrique notamment du mobilier et de l’art de la table en teck recyclé. On ne coupe aucun arbre ! On récupère d’anciens bois de construction (maisons, ponts, bateaux) ainsi que des racines que l’on appelle des queues de cochon. Sur un teck qui fait 20 mètres de hauteur, ils laissent deux mètres avec la racine d’où l’image de la queue de cochon. Nous on les rachète, on les débite, on les trie, on les fait sécher dans les séchoirs, puis on les valorise. Aujourd’hui plus que jamais, nos ressources doivent être préservées. Alors on récupère également toutes les chutes délaissées par les industriels en raison de leur imperfections. C’est dans mon ADN de voir la beauté dans les imperfections, et de les transformer en objets d’art ou du quotidien. Bref, on ne jette rien !

Et vous livrez vos clients depuis l’Asie ? 

J.S. : Non, une fois les produits confectionnés, ils arrivent bruts dans mes ateliers de Bérou- la-Mulotière (28) pour passer un contrôle qualité final, et y recevoir les finitions et les patines. 

Y a-t-il une essence que vous appréciez plus que les autres ? 

J.S. : J’adore le chêne, je suis un amoureux du chêne. C’est un bois extrêmement dur à travailler, mais on peut tout faire avec le chêne. Je le sable pour le mettre en valeur, je le brosse et lui applique mes propres vernis. Au final le chêne apparait brut comme à son état naturel.

Vous n’échapperez pas à notre question rituelle, quelle est votre définition de l’art de vivre ?

J.S. : Bien manger ! Je suis épicurien donc j’adore manger. J’aime dresser de belles tables, même pour un sandwich ! D’ailleurs, le Covid a été l’un des moments les plus extraordinaires de ma vie parce que j’ai eu la chance de pouvoir accueillir chez moi de grands chefs qui ne pouvaient malheureusement pas travailler et qui m’ont fait des plats extraordinaires. Je me souviens notamment d’une fabuleuse – et pourtant simple – omelette roulée que je n’arrive toujours pas à reproduire (rires).


Joe Sayegh

Sites internet : joesayegh.comjoesayegh-vintage.com

15 rue de l’Avre

28270 Bérou-la-Mulotière

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