Maison d’hôtes : chronique d’une reconversion réussie

Pierre et Marianne sont les heureux propriétaires du Moulin de la Bourgade en Gironde. Dressé en plein cœur de l’Entre-deux-Mers, région jadis propriété de l’abbaye cistercienne de la Sauve-Majeure, cet ancien moulin du XIVème siècle est aujourd’hui devenu une élégante maison d’hôtes. Pourtant, si rien ne prédestinait notre couple de Parisiens à partir s’installer en Gironde, il y a trois ans, ils ont sauté le pas… Chronique d’un changement de vie réussi. 

Marianne et Pierre, merci de nous accorder cet entretien. Nous nous intéressons aux parcours de vie et votre histoire est un parfait exemple de reconversion. Tout d’abord, comment vous êtes-vous rencontrés ? 

Pierre : Nous avons eu la chance d’être sur les bancs de l’école ensemble à l’âge de 16 ans. Marianne était ma première petite-amie sérieuse. Et puis, nous sommes chacun partis de notre côté. Nous avons fait nos vies respectives, nous avons chacun fait des enfants… Et puis, nous nous sommes retrouvés par Facebook il y a 15 ans. 

Marianne : Meilleure agence matrimoniale Facebook ! (rires) Oui nous nous sommes retrouvés en tout bien tout honneur, puis mon mariage a capoté et début 2018, on s’est appelé pour prendre des nouvelles : « Ça va ? », « Non. Et toi ? », « Moi non plus. ». Et hop, nous voilà aujourd’hui !

Avant la Gironde, vous étiez à Paris… Quel a été votre parcours professionnel ? 

Marianne : J’étais assistante médicale en échographie cardiaque dans une clinique à Neuilly-sur-Seine. Pierre lui était marchand de biens. 

Pierre : J’avais une entreprise que j’ai vendue et je suis parti vivre pendant 4 ans aux États-Unis. J’y ai fait de l’immobilier et comme je ne savais pas trop quoi faire, j’ai continué en rentrant en France. 

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Vous vous plaisiez dans vos activités respectives ? 

Pierre : Oui mais Marianne et moi étions très attirés par des vies un peu différentes. Lorsque l’on s’est mis en couple, nous avons acheté une péniche au pont d’Asnières. 

Ah oui, ce n’est pas courant ça…

Pierre : C’est sûr ! Quand on part le matin, on ne vérifie pas si la porte est bien fermée à clé mais si les amarres sont bien resserrées. (rires)

Combien de temps avez-vous vécu sur cette péniche ?

Marianne : Un an, c’était trop court ! Mais la Gironde nous est tombée dessus.

Comment ça « tombée dessus » ?

Pierre : Eh bien en fait j’avais des appartements en rénovation à Bordeaux et donc je m’y rendais régulièrement. J’ai proposé à Marianne de venir avec moi pour découvrir cette région que nous ne connaissions pas très bien. Dans un coin de ma tête, je me disais que ce serait peut-être un endroit où j’aimerais m’installer pour mes vieux jours.

Et comment avez-vous découvert le Moulin de la Bourgade ?

Pierre : J’ai appelé un agent immobilier pour visiter des biens un peu exceptionnels parce que je voulais me rendre compte de ce que ça représentait une maison de 1000m2…. 

Marianne : Il avait une idée derrière la tête qu’il ne m’avait pas soumise !

Pierre : Oui j’ai toujours été intéressé par l’univers des chambres d’hôtes. Bref, nous visitons et arrivé au troisième bien, j’ai demandé un quart d’heure de réflexion. Marianne et moi sommes partis faire le tour du jardin et on s’est dit : « On ne peut pas passer à côté de ce truc-là ! ». 

Marianne : J’ai rappelé à Pierre qu’on avait « peut-être » – et j’insiste sur ce « peut-être » – le projet de faire une maison d’hôtes  mais que ce n’était clairement pas pour tout de suite. C’était pour dans deux ans minimum. Et là nous étions pris de court, sous le charme.

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Donc là, vous êtes tous les deux dans le jardin et vous sautez le pas en un quart d’heure ?

Marianne : Alors c’est plutôt au bout de deux bouteilles de rosé ! Il faisait 40° à l’ombre, les propriétaires ont senti que nous étions très intéressés et ils nous ont offert l’apéritif à quatre heures de l’après-midi. Ça nous a fait tourner la tête mais on ne regrette rien… 

L’aventure était lancée…

Pierre : Oui mais attention, la maison coûtait presque le double de ce qu’on avait prévu d’investir. On était complètement hors budget, on repartait sur un crédit à 60 ans… Mais finalement les banques ont suivi et ça l’a fait.  

Marianne : On a visité en juillet et on a déménagé en décembre. Dans ce laps de temps, il a fallu que je démissionne. Ce n’était pas évident après 20 ans de maison dans ma clinique. C’était un moment un peu douloureux quand même. 

Est-ce que vous avez eu un moment de doute ? 

Marianne : Finalement pas tellement. 

Avez-vous fait des travaux pour pouvoir ouvrir votre maison d’hôtes ? 

Pierre : La maison était en très bon état et disposait déjà de deux chambres d’hôtes. Nous avons tout de même entrepris des travaux d’agrandissement parce que nous avons de la demande et un crédit qui nous oblige à générer du chiffre.

La maison d’hôtes attire beaucoup de personnes qui songent à leur reconversion. Cela nécessite d’avoir le sens de l’accueil…

Marianne : Tout d’abord, il y a une chose importante lorsque l’on se « délocalise » et qu’on arrive dans une région où l’on ne connaît personne, c’est le lien social. Nous étions trop vieux pour avoir des enfants à l’école et nous faire des amis parmi les parents et nous étions trop jeunes pour participer au club du troisième âge. Le seul moyen de rencontrer des gens, c’est de recevoir. 

Pierre : Oui et on prend beaucoup de plaisir à rencontrer des gens. À 99%, nos hôtes sont sympas ! Nous sommes heureux de les accueillir, de pouvoir leur donner des conseils, leur faire des suggestions.

Comment cohabitez-vous avec vos clients ?

Pierre : On les croise tout le temps mais ils ne sont pas chez nous. Ils louent un appartement ou une maison et ils sont complètement autonomes. On va les rencontrer, on discute et surtout on essaye de leur proposer des activités qui pourraient leur plaire. 

Marianne : On a un travail de conciergerie en fait. On leur réserve des restaurants, on leur loue des taxis, on peut leur conseiller des expositions à faire à Bordeaux… Bref, on échange comme on pourrait le faire avec des copains. 

Quelle offre proposez-vous à vos clients ? 

Marianne : Nous avons trois gîtes et deux chambres d’hôtes. Le premier gîte dispose d’un jardin privé, clos de murs avec une piscine privative. En revanche, les deux autres n’ont pas de piscine mais, comme les clients des chambres, ils ont le droit de profiter de notre jardin et de notre piscine. Et puis nous disposons également d’un espace qui accueille des séminaires dans un cadre chaleureux. Ça change des univers impersonnels que l’on rencontre traditionnellement dans ce genre d’événements.

Et pour les repas, comment cela se passe-t-il ? Ils dînent avec vous ?

Marianne : Non. Nous servons le petit-déjeuner et ils ont la possibilité de nous commander des repas. Mais comme ils ont des cuisines, finalement ils aiment bien conserver leur autonomie. 

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Quelle est la réalité du travail quotidien d’un hôte ? 

Marianne : Il faut que tout fonctionne, que tout aille bien. Donc on passe notre temps à vérifier que les piscines sont propres, que les jardins sont bien tondus, que les gens sont satisfaits…

Pierre : En fait, nous sommes un peu des artisans multifonctions à un petit niveau. Si on payait des gens pour intervenir au moindre problème, ça nous coûterait une fortune sans compter les délais d’intervention. Si votre client n’a plus d’eau, il faut trouver la solution rapidement donc on s’attelle à la tâche. 

Rien ne remplace l’expérience non ? 

Marianne : Exactement. Le premier été a été très rock-n-roll. Le second était beaucoup plus relax alors l’année prochaine – je ne vous en parle même pas -, on part en vacances ! (rires)

Nous avons cru comprendre que Le Moulin de la Bourgade avait une petite particularité… Pouvez-vous nous dire laquelle ?

Marianne : Nous n’avons pas l’eau courante. Nous vivons sur notre propre source. Donc avec les fortes chaleurs, l’évaporation, les douches, les piscines… l’eau est un vrai enjeu pour nous. On essaie de sensibiliser nos clients mais on ne peut pas les « fliquer ». 

Quelles sont les qualités de l’hôte ?

Pierre : Aimer les gens. Être disponible et ouvert. Et puis être rigoureux. C’est beaucoup de travail quand même. On ne s’imaginait pas qu’il y aurait autant de choses à faire. Il y a toujours une obligation de faire quelque chose. Donc ce n’est pas si serein que ça comme vie. Bien sûr, si on aime ça, c’est très agréable mais il ne faut pas minimiser l’engagement que ça demande. 

Marianne : Oui c’est du boulot. Et puis nous avons un immense potager également et je me suis découvert une passion de maraîchère.  

Vous proposez les légumes du moulin à vos clients ? 

Marianne : Effectivement. Comme je plante beaucoup, on récolte beaucoup or nous ne sommes que deux donc je propose à mes clients des fruits et légumes du jardin. En règle générale, les gens sont ravis. 

Est-ce qu’il y a une saisonnalité dans votre activité ?

Marianne : Nous sommes ouverts toute l’année mais c’est vrai que c’est plus calme de novembre à janvier. 

Peut-on gagner sa vie en tenant une maison d’hôtes ?

Pierre : Dans notre cas, nous avons un gros crédit qu’il faut honorer mais oui on peut gagner sa vie. Entendons-nous, pas des mille et des cents mais on peut gagner sa vie. Tout dépend de ce à quoi on aspire. L’important pour nous c’est l’équilibre entre notre vie personnelle et professionnelle. 

Comment les clients viennent à vous ? Via votre site ou d’autres plateformes ?

Marianne : Plusieurs canaux pour nous trouver. Tout d’abord, des plateformes comme Airbnb ou Abritel. Nous sommes également référencés dans des châteaux ou des espaces qui se louent pour des mariages afin de loger les invités. Et bien sûr le bouche-à-oreille et le site internet fonctionnent bien.

Pas de Booking ?

Marianne : Si mais nous ne sommes pas très friands de la réservation instantanée. Nous préférons savoir qui vient, discuter avec les gens, avoir quelques commentaires des précédents logeurs… On a déjà eu une déconvenue. 

Ah oui, laquelle ? 

Marianne : Petite anecdote, nous avions ouvert depuis seulement trois semaines. Nous étions en plein COVID et j’avais mis une annonce sur Facebook Marketplace. À ne JAMAIS faire ! Je reçois un coup de fil d’un homme très sympathique qui me dit qu’il ne trouve pas d’hébergement pour une seule nuit pour sa sœur, son frère et lui. On a accepté et on s’est retrouvé avec une rave party de 150 personnes dans notre jardin. 

Et comment avez-vous réagi ? 

Marianne : Sentant que la situation nous échappait, on a appelé la police. Ils sont arrivés deux heures après et sont repartis sans avoir rien fait. On a été littéralement abandonné par les autorités. Tout ça pour dire qu’il faut faire très attention à l’endroit où on diffuse nos annonces. 

Un conseil à donner aux personnes qui pensent à se reconvertir et qui n’ont pas encore sauté le pas ?

Pierre : Surtout, ne pensez pas que vous pourrez vous la couler douce, les doigts de pieds en éventail. J’insiste, c’est un vrai travail. 

Marianne : Il faut sans cesse être attentif aux détails. Un drap de bain qui manque, une couette pas très fraîche, du papier toilette qui manque… il faut tout vérifier. 

Pour finir, vous n’y échapperez pas, c’est la question que l’on pose à tous nos invités… Quelle est, selon vous, la définition de l’art de vivre ?

Pierre : C’est la montre que j’ai au poignet… Moi qui ai toujours été citadin, qui ai toujours aimé les belles montres et les belles voitures, je circule aujourd’hui sur un tracteur et j’ai une montre connectée parce que, sur le tracteur, il n’y a pas de support pour téléphone. (rires)

Marianne : On se lève avec le soleil et on se couche avec le soleil. L’été on peut arroser le potager jusqu’à 23h mais c’est du bonheur. 


Le Moulin de la Bourgade

Adresse : 349 route de, La Bourgade, 33420 Grézillac

Site internet : https://moulindelabourgade.fr

Mail : contact@moulindelabourgade.fr

Tél : 06 98 91 29 04

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Le Magazine De La Cour Au Jardin

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