Ingénieure de formation, passée par la direction de grands projets immobiliers parisiens, Justine Culioli a fondé MA pour imaginer des lieux de vie qui réconcilient architecture, nature et bien-être. À Barbizon, haut-lieu du pré-impressionnisme, elle signe La Lisière, un ensemble de maisons en bois pensé comme un éco-hameau contemporain, où art de vivre rime avec simplicité.
Bonjour Justine, merci d’avoir accepté notre invitation. Afin de mieux vous connaître quel a été votre parcours jusqu’ici…
Justine Culioli : Je suis ingénieure de formation, diplômée de l’École Centrale Paris. Avec un grand-père architecte, j’ai toujours été intéressé par cette matière de la construction. J’ai d’abord commencé ma carrière chez Bouygues sur des chantiers, puis j’ai rejoint la Société Foncière Lyonnaise où j’ai dirigé des projets de réhabilitation importants, comme #Cloud.paris dans le 2e arrondissement de Paris ou encore le Louvre des Antiquaires, devenu aujourd’hui la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain au Palais-Royal. Ensuite, je suis passée chez Affine, où j’ai travaillé sur des projets d’immeubles tertiaires, résidentiels gérés et mixtes. Ces expériences m’ont donné envie de développer une approche plus personnelle de l’immobilier, tournée vers la qualité de vie et l’architecture. C’est pourquoi, en 2019, j’ai créé MA, ma structure, pour concevoir mes propres projets et accompagner d’autres acteurs sur les leurs.
Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier ?
Justine Culioli : C’est de répondre aux enjeux des territoires. Et puis l’aspect humain et la transdisciplinarité de notre activité. On touche vraiment à tout. On travaille avec des architectes, des avocats, des urbanistes, des collectivités… Mon métier n’est pas que technique, il est aussi juridique, managérial, organisationnel.
Comment est né le projet La Lisière à Barbizon ?
Justine Culioli : C’est un peu le fruit du hasard et d’une rencontre avec le lieu. Je n’étais pas du tout en recherche active à Barbizon, mais j’ai eu un coup de cœur pour ce terrain bordé par la forêt de Fontainebleau. J’y venais souvent petite avec mes grands-parents. J’avais gardé ce souvenir d’un village artistique et vivant qui, à son époque, était le cœur de l’art contemporain. Le site m’a tout de suite inspirée : la forêt, la lumière, la tranquillité… Dans mon parcours, j’ai beaucoup voyagé, notamment dans des pays anglo-saxons en particulier au Canada, et ces voyages m’ont inspirée pour créer un petit ensemble de maisons privatives assorties de communs, qui s’intègre naturellement dans ce paysage forestier. J’ai donc imaginé un lieu à taille humaine, apaisé, avec des maisons en bois sans clôtures, très ouvertes, où les gens peuvent à la fois être seuls chez eux et partager collectivement.
Quelle est la philosophie de La Lisière ?
Justine Culioli : C’est un petit hameau de sept maisons, conçu pour favoriser un nouveau mode de vie plus doux, plus simple et plus respectueux de la nature. Chaque maison a son jardin privatif, mais j’ai souhaité conserver cette notion de communs qui me paraissait importante d’un point de vue écologique. Ça me semblait totalement absurde que chacun ait sa piscine privée dans un terrain de 2,5 ha. Donc, on a une piscine naturelle partagée, des jardins potagers, des espaces extérieurs partagés… Le projet est pensé autour d’une idée : concilier intimité et convivialité. Il faut attirer des personnes qui n’ont pas peur de l’autre, du voisin. Les gens qui viennent ici cherchent cela : respirer, ralentir, se reconnecter.
Quel type de public attire ce projet ?
Justine Culioli : De fait de notre proximité avec Paris (moins d’une heure), ce sont principalement des Parisiens qui ont envie d’espace, de nature, mais qui ne veulent pas forcément s’isoler. Beaucoup d’entre eux télétravaillent ou ont une activité flexible. Certains cherchent une résidence principale, d’autres une maison secondaire à vivre tout au long de l’année. Les profils sont variés — couples, familles recomposées, jeunes retraités — mais tous partagent ce besoin d’un lieu simple, confortable, qui ne demande pas d’entretien lourd. Ici, les espaces communs sont gérés par un syndic, la piscine et les jardins sont entretenus, ce qui permet à chacun de profiter des lieux sans contrainte.
Un mot sur le projet architectural de La Lisière… Les maisons sont vraiment superbes.
Justine Culioli : Pour moi, le beau, l’architecture, le design… c’est très important. Je ne veux pas travailler sur de la « promotion immobilière » classique. Je veux porter des projets qui ont du sens avec une valeur architecturale. J’ai alors travaillé avec l’agence d’architectes Ciguë, co-fondée et dirigée par Alphonse Sarthout, qui a une approche très fine des volumes, des vues et de la lumière. Les maisons sont sobres, ouvertes sur la forêt, avec de grandes baies vitrées. Nous avons aussi voulu offrir un vrai confort thermique, une très bonne isolation, des systèmes performants, tout en maintenant un haut niveau esthétique. L’idée était d’allier exigence environnementale et architecture de qualité. Donc le bois s’est imposé naturellement, d’abord pour son intégration dans le site mais aussi parce qu’il permet une architecture à la fois contemporaine, chaleureuse et écologique.
Quelle place occupe la dimension écologique dans votre démarche ?
Justine Culioli : Elle est essentielle. Les maisons sont classées DPE A, ce qui est assez rare pour des maisons aussi vitrées. Nous avons travaillé sur l’isolation, l’étanchéité, les matériaux biosourcés et la ventilation. Le bois vient de forêts françaises gérées durablement, et l’aménagement paysager privilégie les essences locales. L’objectif est de créer un lieu durable dans le temps, qui vieillisse bien et ne soit pas énergivore. C’est aussi une façon de redonner du sens à l’acte de construire : faire moins, mais mieux.
Un projet comme La Lisière s’inscrit parfaitement dans l’air du temps. Vous pourriez d’ailleurs le décliner ailleurs en France…
Justine Culioli : Justement, j’aimerais développer un label La Lisière. Mais, pour que ce concept fonctionne, il faut tout de même rester proche de grandes villes pour le bassin d’emploi et la population. Sans compter que le coût de construction de ces maisons est assez élevé au regard du soin apporté.
Sur ce domaine existait une grande villa des années 1920 que vous avez souhaité conserver. Que va-t-elle devenir ?
Justine Culioli : C’est un bâtiment existant qui a un vrai charme, mais qui demande quelques travaux de rénovation. Toujours dans cette logique de « communauté », j’ai d’abord imaginé destiner cette villa à du co-living avec des parties communes à tous les résidents du domaine au rez-de-chaussée. Je n’ai finalement pas réussi à trouver de modèle de co-living correspondant à l’esprit du domaine, j’ai donc envisagé d’autres pistes. Aujourd’hui, deux options se dessinent : soit la vente à un acquéreur unique, soit la division en quatre très beaux appartements, avec chacun ses grands espaces extérieurs, en sus du jardin privatif de la villa de 5600m². Dans tous les cas, je souhaite garder l’esprit du lieu : préserver l’ouverture sur la forêt, le vivre ensemble tout en conservant de l’intimité, et la qualité architecturale.
Vous nous avez confié la commercialisation de cette villa. Comment s’est faite votre rencontre avec Virginie Lauzon et De La Cour Au Jardin ?
Justine Culioli : J’ai découvert De La Cour Au Jardin un peu par hasard, en cherchant un réseau qui comprenne la spécificité de mon projet. L’approche de Virginie, avec sa sensibilité d’architecte, m’a tout de suite parlé : une manière différente de faire de l’immobilier, plus humaine, plus attentive, qui met en avant les lieux de vie avant les biens à vendre. Quand nous avons échangé, il y a eu une vraie résonance. Avec De La Cour Au Jardin, j’ai trouvé une manière d’être accompagnée qui correspond exactement à ma vision.
Quelle est votre définition de l’art de vivre ?
Justine Culioli : Pour moi, l’art de vivre, c’est habiter un lieu qui nous ressemble, dans lequel on se sent bien. C’est une forme d’équilibre entre la paix et la beauté de ce qui nous entoure. C’est important pour l’esprit de pouvoir être entouré de choses belles et harmonieuses. Et puis c’est aussi un art de vivre ensemble qu’il faut préserver et perpétuer. Et puis, à titre personnel, c’est aussi pouvoir concilier la sérénité de la nature à l’effervescence de la culture, de la ville… Et pour moi, La Lisière, c’est un peu tout cela : un projet où l’on vit avec la nature, dans une architecture juste et belle, avec l’envie d’y créer du lien.